Direction artistique et chorégraphie Kader Attou et Mourad Merzouki
Des pieds nus qui trottinent dans l’espace, sautent et tricotent sur un friselis de musique orientale. La fraîcheur et la délicatesse de l’introduction du spectacle Danser Casa, cosigné par Kader Attou et Mourad Merzouki, ouvre une voie magique.
On s’y engouffre pour être bientôt submergé par une vague permanente d’énergie directe et flamboyante. Baskets aux pieds, plus acrobatiques, les huit danseurs hip hop marocains sélectionnés pour cette production célébrant l’énergie de Casablancabénéficiez d, rivalisent d’intensité. Ourlée de détails comme des jeux de doigts, de bras, la chorégraphie se réinvente dans la joie et le partage, balayant le plateau en long en large et en travers. Sur des musiques électroniques, la complexité virtuose des performances techniques, hip hop mais cirque aussi, rayonne. Avec cette production, les chorégraphes Kader Attou et Mourad Merzouki, qui se retrouvaient au coude à coude comme à leurs débuts il y a plus de vingt ans, ont majoré leurs talents en distinguant celui des interprètes, tous furieusement présents…
Avec Ayoub Abekkane, Mossab Belhajali, Yassine El Moussaoui, Oussama El Yousfi, Aymen Fikri, Stella Keys, Hatim Laamarti et Ahmed Samoud
Assistants des chorégraphes Virgile Dagneaux et Christophe Gellon
Lumières Madjid Hakimi
Costumes Emilie Carpentier
Musique Régis Baillet-Diaphane et musiques additionnelles
Danser Casa évoque bien sûr Casablanca, où se sont retrouvés nos deux pointures internationales du hip hop que sont
Kader Attou et Mourad Merzouki. Voilà bien vingt ans qu’ils n’avaient pas chorégraphié ensemble, même s’ils avaient déjà collaboré pour un projet en 2003 en Algérie avec Mekech Mouchkin. Entretemps, chacun a développé sa veine créatrice singulière, et tous deux ont été nommés à la tête de Centres chorégraphiques nationaux. Ils se rejoignent autour de ce projet avec le défi d’une création commune qui a pour ambition de mettre en lumière le talent des danseurs marocains. Issus de parcours hétéroclites et de villes différentes, ces huit danseurs, sont fiers d’avoir été choisis et s’engagent pleinement dans le jeu du colletif et de la démarche artistique. Bourrés d’énergie, chacun d’entre-eux a sa « spécialité » souvent apprise en autodidacte : acrobatie, cirque, popping, locking, parkour, new style house et même danse contemporaine. Le spectacle, imprégné par l’effervescence artistique de Casablanca, est une sorte de voyage à travers les époques et les techniques de cette danse très codée. Mais surtout, Kader et Mourad revisitent, Mai 2017 à travers eux, le chemin parcouru. « En ce qui me concerne, explique Mourad, ce projet me touche dans ma chair, car beaucoup de choses sont liées à mon histoire, à ce que ces danseurs sont et représentent ». Quant à Kader, cette création lui fait réaliser « pourquoi nous sommes arrivés dans la danse, et comment elle a représenté pour nous une ouverture et une émancipation ». Avec ces huit interprètes aussi virtuoses qu’émouvants, la danse dépasse le propos pour nous relier à ces danseurs et à cette autre rive de la Méditerranée.
Kader Attou, chorégraphe
Du collectif d’artistes des débuts à l’émergence de chorégraphes singuliers, le travail de Kader Attou se caractérise par une grande ouverture : ouverture au monde grâce à des voyages conçus comme autant de moments de partage, ouverture vers d’autres formes artistiques, vers d’autres courants. Dès 1989, dans la fièvre de la découverte de la breakdance et avec les premiers spectacles d’Accrorap, naît le désir d’approfondir la question du sens et de développer une démarche artistique. Athina, en 1994, marque les grands débuts d’Accrorap sur la scène de la Biennale de la danse de Lyon. Parmi ses nombreuses pièces chorégraphiques, on peut citer : Anokha (2000), au croisement du hip-hop et de la danse indienne, de l’Orient et de l’Occident – Pourquoi pas (2002), pièce qui aborde un univers fait de poésie et de légèreté, composée de saynètes où se côtoient performance, émotion et musicalité. Les corps étrangers (2006), projet international – France, Inde, Brésil, Algérie, Côte d’Ivoire – évoque la condition humaine et cherche les points de rencontres possibles entre cultures et esthétiques, pour construire avec la danse un espace de dialogue qui puisse questionner l’avenir – Petites histoires.com (2008) obtient un succès critique et public et raconte une France populaire, avec de la simplicité, de la légèreté, tout en gardant un propos engagé et sensible. En 2008, Kader Attou est nommé directeur du Centre chorégraphique national de La Rochelle/Poitou-Charentes, devenant ainsi le premier chorégraphe hip-hop nommé à la tête d’une telle institution. En 2013, Kader Attou revient aux sources du hip-hop et à ses premières sensations : The Roots est une aventure humaine est un voyage, un grand plongeon dans son univers poétique. Onze danseurs hip-hop d’excellence en sont les interprètes, formant ainsi un groupe en totale symbiose. Créée en août 2014, Un break à Mozart, née de la rencontre du CCN de La Rochelle et de l’Orchestre des Champs-Élysées, se pose en véritable dialogue entre danse d’aujourd’hui et musique des Lumières avec comme oeuvre musicale directrice : Le Requiem de Mozart. En septembre 2014 à l’occasion de la Biennale de la danse de Lyon, Kader Attou crée OPUS 14 pour seize danseurs, hommes et femmes, qui allient puissance, altérité, engagement, poétique des corps en une pièce fondamentalement hip-hop. La Cie Accrorap est l’histoire d’une aventure internationale. La notion de rencontre est au centre de la démarche de la compagnie, et les voyages (Palestine, Algérie, Brésil, Cuba, Inde, etc.) alimentent la réflexion.
[COLUMN]
Mourad Merzouki, chorégraphe
Le chorégraphe Mourad Merzouki, figure du mouvement hip-hop depuis le début des années 1990, inscrit son travail au carrefour de multiples disciplines. Autour de la danse hip-hop explorée dans tous ses styles, se greffent le cirque, les arts martiaux, les arts plastiques, la vidéo et la musique live. Sans perdre de vue les racines du mouvement, ses origines sociales et géographiques, cette confrontation permet d’ouvrir de nouveaux horizons à la danse et dégage des points de vue inédits. Sa formation s’enracine, dès l’âge de 7 ans, dans la pratique des arts martiaux et des arts du cirque à Saint-Priest, dans l’Est lyonnais. À 15 ans, sa rencontre avec la culture hip-hop l’emmène vers le monde de la danse. Il s’attaque à la chorégraphie et crée ainsi sa première compagnie Accrorap en 1989, avec Kader Attou, Éric Mezino et Chaouki Saïd. En 1994, la compagnie présente Athina lors de la Biennale de la danse de Lyon, un véritable succès qui réussit à transposer la danse hip-hop de la rue à la scène. Pour développer son propre univers artistique lié à son histoire et à sa sensibilité, Mourad Merzouki décide de fonder en 1996 sa propre compagnie, qui prend le nom de sa pièce inaugurale : Käfig signifie « cage » en arabe et en allemand. Ce choix indique le parti pris d’ouverture du chorégraphe et son refus de s’enfermer dans un style. De 1996 à 2006, Mourad Merzouki créé quatorze pièces, dont la diffusion ne cesse s’élargir. À partir de janvier 2006, il imagine et conçoit un nouveau lieu de création et de développement chorégraphique qui met en oeuvre un nouveau rendez-vous pour la danse hip-hop avec le Festival Karavel : le centre chorégraphique Pôle Pik ouvre ses portes à Bron en 2009. En juin 2009, Mourad Merzouki est nommé à la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne. Il y développe un projet intitulé « La danse, une fenêtre sur le monde », dont l’ouverture est le maître mot. Il continue, à côté de la création et de la diffusion de ses spectacles, un travail de formation et de sensibilisation à la danse hip-hop, en créant des rencontres originales favorisant l’accès à l’art chorégraphique et le soutien aux équipes indépendantes. En 2013, il crée le Festival Kalypso, offrant ainsi un nouvel espace de visibilité aux compagnies de danse hip-hop sur le territoire francilien.
Danser Casa enflamme le public de Montpellier Danse
[…] cette pièce est un véritable manifeste pour une transversalité humaine et culturelle. […] Le thème de la pièce est finalement très actuel, l’altérité et son corollaire l’empathie. […] On sort de ce moment avec une seule envie: étreindre celui ou celle qu’on aime.
Le Figaro – François Delétraz, juin 2018. Lire l’article en entier
Montpellier Danse : « Danser Casa »
Une énergie décoiffante, une virtuosité ébouriffante, et une chorégraphie fascinante, telle est la recette de Danser Casa […] Ils ont su à la fois développer et mettre en valeur le style propre à chacun d’entre eux, et les faire danser « collectif » ce qui n’est jamais gagné avec des as de battle. […] Ce faisant, ils nous montrent un hip-hop à l’avenir radieux, plein de fougue et d’audaces, qui rappelle aux deux chorégraphes leur propre jeunesse – non sans une pointe de nostalgie. [..] Danser Casa, est un spectacle vitaminé, profondément optimiste, et terriblement humain.
Danser Canal Historique – Agnès Izrine, juin 2018. Lire l’article en entier
Duo explosif, Attou et Merzouki font « Danser Casa »
Mimant des combats de rue, mettant en exergue la violence qui domine les rapports sociaux, ils réinventent par la danse loin des préjugés un monde à leur mesure autant flamboyant que joyeux. C’est toute la beauté de ce spectacle explosif, transformer la brutalité d’un uppercut, la sauvagerie d’un coup de pied en un roulé-boulé délié, un enchevêtrement de corps exécuté avec une infinie tendresse.
L’oeil d’Olivier – Olivier Fregaville-Gratian d’Amore, juin 2018. Lire l’article en entier
Danser Casa fait tourner la tête
Le spectacle est rondement mené, les enchaînements au sol sont de toute beauté, les portés acrobatiques sont renversants. Une troupe est née sous le regard des deux grands frères Kader et Mourrad. Danser Casa donne littéralement le vertige.
www.sceneweb.fr – Stéphane Capron, juin 2018. Lire l’article en entier
Coproduction Fondation Touria et Abdelaziz Tazi, Casa Events et animations, l’UZINE, Festival Montpellier Danse 2018, CCN de Créteil et du Val-de- Marne, CCN de La Rochelle, Théâtre du Vellein, CAPI-Villefontaine, Théâtre de Chartres, Etat d’esprit productions, l’Aparté. Avec le soutien de l’Institut français du Maroc, du studio des arts vivants-Casablanca et de la Fondation PGD.