• Saison 2022-2023
Salle Aéroplane
1h
dès 14 ans

Texte et mise en scène Côme de Bellescize

Le bonheur des uns fait-il parfois le malheur des autres ? En l’occurrence, avoir des voisins parfaitement heureux alors qu’on n’arrive pas à l’être soi-même est encore plus destructeur.

Soyez vous-même. Boostez votre confiance en vous. Osez dire non. Méditez. Essayez de maigrir tant que vous y êtes. Mais surtout soyez heureux. L’injonction au bonheur rabâchée comme un impératif catégorique nous fait-elle dérailler ? Dans ce huis clos irrésistible où l’ennemi est surtout intérieur, des personnages à la fois effrayants et sympathiques font tout pour être heureux – évidemment, cela ne fonctionne pas comme prévu.

Avec un humour dévastateur appuyé sur une réflexion sans concession sur l’industrie du bonheur, Le Bonheur des uns se moque de nous et de notre société : vous n’en ressortirez pas avec la clé du bonheur, mais sans doute avec une idée de la voie que vous avez envie de suivre.

La presse en parle
  • « Côme de Bellescize est un classique. Un moraliste Grand Siècle -qui ne donne aucune leçon- mais dont la lucidité, teintée d’un pessimisme certain, agit au théâtre d’une manière fascinante. Il est à part. Il n’appartient à aucune école. Il est aussi original que libre… »

  • « Côme de Bellescize poursuit sa veine théâtrale (…) il confirme le rôle du théâtre qui « n’est pas de rassurer en simplifiant les situations » mais bien, selon lui, de « créer les conditions d’une “bonne distance” où la réflexion le dispute au jeu, l’âpreté du drame à la poésie, le sérieux au grotesque et à l’invraisemblable. »

Avec David Houri Lui, Coralie Russier Elle, Éléonore Joncquez la voisine, Vincent Joncquez le voisin

Scénographie Camille Duchemin
Lumière Thomas Costerg
Son Lucas Lelièvre
Costumes Colombe Lauriot-Prévost

Production Théâtre du Fracas. Coproduction Le Carroi – La Flèche, La Coupole / Saint-Louis, L’Entracte – Scène conventionnée Art en Territoire / Sablé sur Sarthe, La 3’e saison culturelle de l’Ernée, Scènes de Pays – Mauges communauté. Avec le soutien de la région Pays de la Loire et de la ville du Mans, de la DRAC dans le cadre du plan de relance, et dans le cadre de résidences de création: du Carroi – La Flèche, de la 3’e saison culturelle de l’Ernée, du Théâtre 13 et du Théâtre Jacques Carat / Cachan. La Compagnie Théâtre du Fracas est soutenue par la Région des Pays de la Loire, le Département de la Sarthe et la Ville du Mans. Le texte a été accompagné par le collectif A Mots Découverts, il est publié aux Éditions des Cygnes.

Côme de Bellescize, Écriture et mise en scène
Après des études universitaires et une formation de comédien à l’École Claude Mathieu, Côme de Bellescize se consacre à l’écriture et à la mise en scène. Il crée la compagnie du Théâtre du Fracas avec Vincent Joncquez.
Entre 2004 et 2007, il écrit et met en scène Les Errants qui reçoit le Prix Paris jeunes talents 2005 puis, en 2008, il crée Les Enfants du soleil de Maxime Gorki au Théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne Billancourt. En 2012, il écrit et met en scène Amédée au Théâtre de la Tempête à Paris, nommé dans la catégorie « meilleur auteur » pour le Prix Beaumarchais du Figaro.
À l’Opéra, il met en scène Jeanne d’Arc au bûcher (Honegger/Claudel) au Festival Saito Kinen Matsumoto (Japon), en 2015, cette production est reprise avec Marion Cotillard dans le rôle-titre, en France, à la Philharmonie de Paris, puis à New-York, au Lincoln Center. La même année, il met aussi en scène Béatrice et Bénédict de Berlioz, dirigé par Seiji Ozawa au Festival Saito-Kinen Matsumoto (Japon).
Ses dernières créations au théâtre sont Eugénie en 2015, Soyez vous-même en 2017, Fat avec la compagnie de l’Ephémère en 2018, Tout Brûle, so what ? et les Beaux de Léonore Confino en 2019. Il a reçu en 2020 le Prix Jeune Théâtre Béatrix Dussane-André Roussin de l’Académie Française pour l’ensemble de ses ouvrages dramatiques

 

Je voudrais qu’on puisse entrer en empathie avec mes personnages tout en ressentant l’absurdité et la dangerosité de leur démarche. Qui pourrait trouver illégitime de vouloir être heureux ? Et pourtant, cette quête les rend effrayants. Dans le bonheur des uns, je joue avec la gêne qui naît de ces sentiments ambivalents ; j’y assume le ton de la comédie pour que le rire nous aide à garder les yeux ouverts. Le bonheur des uns est une comédie féroce : il faudra la placer sur une ligne de crête avec d’un côté la vérité, l’humanité, la fragilité de ces personnages qui doit créer de l’empathie, et de l’autre leur bouffonnerie dont l’absurdité suscite un rire libérateur.

Comme le répètent les personnages, « le bonheur est à trouver en soi-même » et pour cela, il faut « se rendre imperméable aux malheurs du monde ». Pour rendre perceptible cet emprisonnement mental, l’espace de la scène sera structuré par des frontières invisibles avec l’appartement au centre, encadré par la terrasse. Je veux placer mes personnages dans un dispositif qui crée du vide autour d’eux afin de donner la sensation qu’ils vivent hors sol et qu’ils sont prisonniers d’eux même. Ce sera pourtant un espace clos, sans entrée ni sortie, sans porte, sans passage, où les personnages sont soit présents soit absents, et où ils apparaissent et disparaissent…

Au centre, il y aura cet espace intérieur, mental, où l’on se confine pour maitriser et construire son bonheur, où l’agencement des meubles et des objets est un art hérité du Feng-Shuy et autour, la terrasse, l’extérieur, où leurs monstres intimes se révèlent et où l’affirmation de leur droit au bonheur s’exprime dans la jouissance de la destruction (Ils y jouent à enivrer des oiseaux qui, désorientés, vont se cogner aux vitre). Par opposition à l’atmosphère à la sérénité rationalisée de l’appartement, je voudrais que cette terrasse soit un lieu où surgissent les pulsions déraisonnables de l’enfance, qu’il y règne une atmosphère de fin du monde où les oiseaux ivres s’assomment et pleuvent comme l’une des sept plaies d’Egypte.

Lorsque la pièce se termine, les personnages du départ sont condamnés à déplacer infiniment leurs meubles pour chercher l’harmonie qui leur échappe : ce sont des Sisyphe modernes, et à l’instar d’Albert Camus, on se demande si on peut « les imaginer heureux. »