Création et adaptation collective à partir des Trois Soeurs et d’Ivanov d’Anton Tchekhov
Mise en scène Julie Deliquet
Préoccupée par ce sentiment collectif « d’impuissance à agir sur le monde et l’angoisse d’être agi par lui », Julie Deliquet, metteure en scène, se nourrit de deux pièces de Tchekhov, Les Trois Soeurs et Ivanov.
De mariage arrangé, en fratries mal recomposées, de mensonges en utopies, elle construit le portrait d’une génération désenchantée, vieille à quarante ans, happée par la mélancolie, qui petit à petit les dessaisit de leur destin. Huit comédiens du collectif In Vitro s’approprient la dépression et l’imbroglio affectif des protagonistes de Tchekhov, et se jouent des porosités classiques entre acteur et personnage, entre scène et salle, repoussant les limites d’un théâtre capable d’agir sur le monde.
Mettons que la vie, celle qu’on aurait déjà vécue, ce soit un brouillon, et l’autre, le propre ! J’imagine que chacun de nous tenterait alors de ne pas se répéter non ?
Les Trois Soeurs
Avec Julie André, Gwendal Anglade, Eric Charon, Aleksandra De Cizancourt, Olivier Faliez, Magaly Godenaire, Agnès Ramy, David Seigneur
Collaboration artistique et film Pascale Fournier
Scénographie Julie Deliquet, Pascale Fournier et Laura Sueur
Lumières Jean-Pierre Michel et Laura Sueur
Costumes Julie Scolbetzine
Musique et son Mathieu Boccaren
Régie générale Laura Sueur et Jean-Pierre Michel
Administration, production, diffusion Cécile Jeanson et Marion Krähenbühl (Bureau Formart)
Assistante de production Valentina Viel (Bureau Formart)
L’AN 01
Voilà sept ans qu’In Vitro mène à travers ses créations une saga sur la thématique de l’héritage générationnel : La Noce de B. Brecht – Derniers remords avant l’oubli de J.-L. Lagarce – Nous sommes seuls maintenant, création collective – Catherine et Christian (fin de partie) – création collective.
Nous avons souhaité raconter « notre histoire » de manière pudique à travers le legs idéologique que nous avions reçu de la génération dite 68, en partant d’un mariage dans les années 70 pour finir par un enterrement de nos jours.
Nous avons fait vieillir une génération, celle de nos parents, sur cinq décennies pour finalement « l’enterrer » avec le dernier volet et tomber dans la nôtre et dans celle de nos enfants. Notre processus a commencé avec les auteurs et ils nous ont guidés jusqu’à notre propre écriture de plateau : ici encore il a été question d’héritage, théâtral cette fois-ci. Contrairement à beaucoup de collectifs, In Vitro a débuté en montant des textes, et les auteurs restent très présents même dans le cadre de la création collective.
Recommencer la vie par le commencement – Ivanov
Je souhaite aller au bout de cette rencontre entre les auteurs et notre propre écriture pour l’ouverture de cette nouvelle ère. Centré sur l’acteur et l’instant présent de la représentation, notre théâtre tend à une démythification de la place de chacun et à une valorisation du statut de l’acteur en défendant l’idée d’un geste théâtral collectif, ce qui ne sous-entend aucunement l’absence de l’auteur ou du metteur en scène. Nous écrirons donc cette fois-ci à partir de deux œuvres et signerons une adaptation originale. L’auteur sera à l’origine, ce qui m’intéresse est le trajet que nous ferons pour aller jusqu’à lui…
Mon point de départ fut : le théâtre et la société dans laquelle nous vivons. Et j’ai choisi Tchekhov pour guide…
Julie Deliquet
Après un bac cinéma et des études de cinéma à l’université, Julie Deliquet poursuit sa formation au Conservatoire de Montpellier puis à l’École du Studio Théâtre d’Asnières, elle complète sa formation à l’École internationale Jacques Lecoq pour deux ans.
Elle crée le Collectif In Vitro en 2009 et présente Derniers Remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce (2e volet du triptyque Des années 70 à nos jours…) dans le cadre du concours Jeunes metteurs en scène du Théâtre 13, elle y reçoit le prix du public. En 2011, elle crée La Noce de Brecht (premier volet du triptyque) au Théâtre de Vanves, présenté en 2013 au 104 dans le cadre du festival Impatience.
En 2013, elle monte Nous sommes seuls maintenant, création collective (3e volet du triptyque) au Théâtre Romain Roland de Villejuif, à la Ferme du Buisson, au Théâtre de Vanves… La trilogie sera reprise en intégrale au Théâtre de la Ville-Paris puis au TGP-CDN de Saint Denis dans le cadre du Festival d’Automne 2014 puis en tournée.
En 2015, elle participe au projet « Adolescence et territoire(s) » et met en scène Gabriel(le) écriture collective à l’Odéon-Théâtre de l’Europe/ Ateliers Berthier, au Théâtre Gérard Philipe-CDN de Saint-Denis, à l’Espace 1789 à Saint-Ouen, et au Théâtre Rutebeuf, à Clichy. Elle crée également Catherine et Christian (fin de partie), épilogue du Triptyque et deuxième écriture collective, au Théâtre Gérard Philipe- CDN de Saint Denis dans le cadre du Festival d’Automne 2015 puis en tournée.
Elle crée Vania d’après Oncle Vania d’Anton Tchekhov à la Comédie française en septembre 2016, puis Mélancolie(s) avec le Collectif In Vitro en automne 2017.
Julie Deliquet fût artiste associée au Théâtre Gérard Philipe – Centre dramatique national de Saint-Denis jusqu’en 2017, et l’est actuellement au Théâtre de Lorient – Centre dramatique national de Bretagne ainsi qu’à la Comédie de Saint-Étienne – Centre Dramatique National. Le collectif In Vitro est soutenu par le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis (93) et conventionné par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île- de-France.
Ce drame postmoderne exige une intensité et une vérité des acteurs sans pareil. Les membres du Collectif In Vitro donnent tout pour y parvenir… Ils portent la mélancolie à incandescence.
Les Echos
Tout est juste, fort, et l’on arrive au bout de cette épopée miniature bouleversé. Bouleversé par ces humains qui nous ressemblent.
Pariscope
Une adaptation libre et joyeuse portée par des acteurs totalement impliqués, dont le jeu presque naturaliste donne une sacrée consistance aux personnages.
L’Humanité
Les acteurs sont dans l’ensemble formidables… Le spectacle de Julie Deliquet inscrit la force tragique de l’auteur russe dans notre aujourd’hui avec une justesse rare.
Le Monde
Un projet porté magnifiquement par l’engagement total des acteurs, une mise en scène fluide qui a l’élégance de s’effacer… C’est tout simplement poignant.
Un fauteuil pour l’orchestre
Mélancolie(s), l’esprit de Tchekhov renouvelé ingénieusement par Julie Deliquet
Après nous avoir conviés à la table d’un oncle Vania tout en mélancolie et intensité, Julie Deliquet nous plonge au cœur du mal de vivre qui consume les âmes slaves d’Ivanov et des Trois Sœurs. Mêlant adroitement deux œuvres de Tchekhov et écriture de plateau, la jeune metteuse en scène signe un spectacle ultra-contemporain et habité qui bouleverse et enivre. Vertigineux !
[…] De cette étonnante rencontre entre les protagonistes d’Ivanov et ceux des Trois Sœurs, Julie Deliquet et son collectif In vitro en tirent une trame singulière faite de récits empreints d’une mélancolie immense, presque morbide, qui s’entrecroisent, s’entremêlent et s’entrechoquent. Puisant dans l’œuvre d’Anton Tchekhov un mal de vivre symptomatique de l’âme slave, elle esquisse un portrait âpre, saisissant d’une époque, d’une société désillusionnée. Trouvant dans l’écriture de ce dernier un écho à ses propres émois, ses propres doutes, ainsi qu’à ceux des membres de sa troupe, la jeune metteuse en scène mêle avec habilité et ingéniosité textes du dramaturge russe et écriture de plateau.
Tout en finesse, Julie Deliquet tisse autour de ses comédiens une trame ciselée, resserrée qui les prend au piège de leur propre réflexion, de leur propre histoire, les obligeant petit à petit à dépasser leur personnage pour dévoiler une part d’eux-mêmes. Entrelaçant astucieusement vie privée et fictionnelle, elle nous entraîne dans un tourbillon émotionnel bouleversant où de spectateur l’on devient confident. Cette sensation d’être les témoins privilégiés de ces drames existentiels est renforcée par le jeu totalement habité des comédiens, tous poignants, sincéres. Très vite, on oublie qu’on est au théâtre, tant on a l’impression grisante, enivrante, que les tourments de ces êtres en mal de vivre envahissent l’espace et nous saisissent.
Gommant toutes références historiques, la jeune metteuse en scène signe une pièce intemporelle, utra-contemporaine, d’une rare intensité. Continuant son travail exploratoire dans l’univers mélancolique dans l’œuvre de Tchekhov, elle nous entraîne au plus prêt de ce vague à l’âme si prégnant, si astringent, stigmate noir d’une génération désenchantée. Un moment de théâtre vibrant !
L’Oeil d’Olivier – 20 octobre 2017
Julie Deliquet, metteuse en scène, était l’invitée de la 1ère partie de l’émission La Grande table d’Olivia Gesbert, sur France Culture, le 13 novembre 2017. Ecoutez son interview en intégralité :
Production Collectif In Vitro.
Coproduction Théâtre de Lorient – CDN de Bretagne, Comédie de Saint-Étienne – CDN, Festival d’Automne à Paris, Théâtre de la Bastille, Théâtre Le Rayon Vert – scène conventionnée, Théâtre Romain Rolland / Villejuif.
Accueil en résidence Théâtre Gérard Philipe – CDN de Saint-Denis, la Ferme du Buisson – scène nationale de Marne-la-Vallée.
En collaboration avec le Bureau Formart. Le collectif In Vitro est associé au Théâtre de Lorient – Centre dramatique national de Bretagne et à la Comédie de Saint-Étienne – CDN. Il est soutenu par le conseil général de la Seine-Saint- Denis et conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Île-de-France.