• Saison 2014-2015
Salle Aéroplane
1h15
Dès 15 ans

Textes de Pierre Desproges
Mise en scène et interprétation Catherine Matisse et Michel Didym

Un homme qui commence une lettre au Trésor public par « Mon cher Trésor » est capable de tout. À cet égard, Pierre Desproges n’a pas déçu son monde.

Le Monsieur Cyclopède des années quatre-vingt a osé rire de tout : des gouvernants (« À part la droite, il n’y a rien au monde que je méprise autant que la gauche »), des intellos (« Quand un philosophe me répond, je ne comprends plus ma question »), des intégristes de tout poil et de la bien pensance en général.
« Il a le courage de la haine », résume Michel Didym qui a déniché dans les tiroirs de l’humoriste des textes inédits dont il tire un recueil au vitriol.
C’est l’histoire du monde depuis la Genèse jusqu’au péage autoroutier de Valence, malmenée par un homme et une femme. On y croise Adam et Ève, la croqueuse de « Golden », Titi et Grosminet, Françoise Sagan ou Riton, « le beau-frère de la femme à Dieu ».
Dans une langue fracassante et jubilatoire, ce Savoir-vivre à l’usage des « malpolis » que nous sommes, épingle nos fragilités avec une élégance transpercée de fulgurantes saillies.

D’après les textes de Pierre Desproges
Mise en scène et interprétation Catherine Matisse et Michel Didym

[COLUMN]
Scénographie, lumières Olivier Irthum
Musique Vassia Zagar
Costumes Christine Brottes
Collaboration artistique Bruno Ricci, Anne Marion-Gallois, Éric Lehembre avec la complicité de Christine Murillo et Dominique Valadié
Maquillages Justine Valence
Régie générale, son Dominique Petit
Régie lumière Yannick Schaller
Décor Atelier construction du Théâtre de la Manufacture

 

C’est à la librairie de Théâtre Ouvert en feuilletant les éditions Actes Sud Papiers que j’ai vraiment découvert Pierre Desproges. Je ne l’avais jamais vu à la télévision. J’ai alors aimé furieusement, au delà de l’homme, de l’acteur, du bouffon tragique : l’auteur. L’interprète fulgurant totalement atypique qu’était Pierre Desproges a fait oublier qu’il était aussi un grand dramaturge. Comme si l’acteur et son génie faisaient écran à l’auteur. C’est de cette passion pour son écriture qu’est né le spectacle Les animaux ne savent pas qu’ils vont mourir, au Théâtre des Abbesses.
La lecture des Inédits, que j’ai recherchés laissait apparaître un autre versant de l’auteur, plus ambivalent et sombre, plus complexe et lyrique parfois bêtement taxé de misogynie. C’est cette face méconnue de son écriture qui me donna envie de créer ce deuxième spectacle où je fais appel à un duo pour modifier l’écoute de cet auteur, et ainsi révéler au public l’irrévérence et la violence comique de cette langue exempte de vulgarité.
Aujourd’hui, une nouvelle génération peut découvrir avec délice cette langue fracassante et jubilatoire où la pensée du monde et le regard acéré de Desproges met à nu nos aspirations. Il y a en effet dissection de nos fragilités. Humour et politique sont teintés de gravité, nous sommes amenés à observer et comprendre l’inconfort des idées. Cette écriture est à la jonction de deux mondes, comme si elle provenait du classicisme français dans ce qu’elle a de plus écrit, et rejoignait soudainement une fulgurance presque insolente. Nous jouons ici avec une langue souple et pirouette à l’image du funambule à qui le vide ne fait pas peur, et risquant des raccourcis périlleux d’apparence arbitraire. Pierre Desproges a le courage de la haine. Ce théâtre dont il nous parle lui même avec force lucidité n’exclut pesonne. L’individuel et le collectif y ont place. Son écriture rend hommage à l’humanité en engageant sa splendeur et son horreur.
Michel Didym

Michel Didym
Après une formation à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Strasbourg, Michel Didym a joué, notamment, sous la direction de Georges Lavaudant et d’Alain Françon. En 1986, il est membre fondateur des APA (Acteurs Producteurs Associés) avec André Wilms, Evelyne Didi, Anouk Grimberg, André Marcon, Sophie Loukachevsky, Anne Alvaro, et réalise sa première mise en scène en collaboration avec Charles Berling, Succubation d’incube, d’après les rencontres des surréalistes sur la sexualité.
En 1989, lauréat du prix Villa Médicis-hors les murs, il dirige plusieurs ateliers à New York et à San Francisco sur des textes contemporains français. À son retour, en 1990, il fonde en
Lorraine, la Compagnie Boomerang dont le travail est résolument tourné vers le répertoire contemporain. Il met en scène : Ruines Romaines de Philippe Minyana à la Grande Halle du parc de la Villette ; Boomerang, le salon rouge de Philippe Minyana au Théâtre de la Bastille ; Lisbeth est complètement pétée d’Armando Llamas à Théâtre Ouvert ; La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès à l’Abbaye des Prémontrés ; Le Dernier Sursaut de Michel Vinaver à l’Opéra Théâtre de Metz. En 1993, il est invité au Festival d’Avignon pour la première version de La Rue du Château d’après les rencontres des surréalistes sur la sexualité. L’année suivante, il met en scène Visiteur de Botho Strauss au Théâtre de la Ville et est également professeur à l’ENSATT.
Désireux d’approfondir sa relation avec le théâtre contemporain, il fonde en 1995 La mousson d’été, événement annuel destiné à la promotion des écritures contemporaines, qui a lieu fin août à l’Abbaye des Prémontrés. En 1996, il met en scène la seconde version de La Rue du Château au Théâtre de la Tempête et met également en scène plusieurs opéras.
À l’occasion du cinquantième anniversaire du Festival d’Avignon, il tient l’un des rôles principaux dans Edouard II de Marlowe mis en scène par Alain Françon. Il crée Chasse aux rats de Peter Turrini pendant la Mousson d’été. En 1998, il crée Le Miracle de Gyorgy Schwajda à l’Hippodrome, Scène Nationale de Douai et au Théâtre National de la Colline.
En 2000, il crée Yacobi et Leidenthal de Hanoch Levin au Festival d’Avignon et met en espace, dans le cadre des Chantiers de Théâtre Ouvert, Badier Grégoire d’Emmanuel Darley. En 2001, il fonde La Meec (Maison européenne des écritures contemporaines) qui a pour mission de favoriser l’échange de textes, la traduction d’auteurs français et européens. En novembre 2001 il crée à la demande de Marcel Bozonnet nouvel administrateur de la Comédie Française, Le Langue-à-Langue des chiens de roche de Daniel Danis au Théâtre du Vieux Colombier et en Lorraine. Il est directeur artistique de Tintas Frescas en Amérique latine, organisé par L’AFAA (Ministère des affaires étrangères) en 2003-2004. Ses dernières créations sont Les animaux ne savent pas qu’ils vont mourir de Pierre Desproges (Théâtre de la Ville – Paris), Divans (Mousson d’été, Mexico, Berlin), Lizbeth està completamente trabada de Armando Llamas (Théâtre national de Bogota – Colombie), Histoires d’Hommes de Xavier Durringer avec Judith Magre (Molière 2006), Ma Famille de l’uruguayen Carlos Liscano, Poeub de Serge Valletti aux Célestins–Théâtre de Lyon et au Théâtre National de La Colline.
En février 2010, création à l’Espace Bernard Marie-Koltès – Théâtre du Saulcy de Metz d’ Invasion ! de Jonas Hassen Khemiri. En juin 2010, Michel Didym a créé à Naples, dans le cadre du Napoli Teatro Festival Italia.
En avril 2011, dans le cadre de la Semaine de la dramaturgie allemande, il passe commande de textes auprès d’auteurs allemands et français et recrée Confessions.
Michel Didym est directeur du Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy – Lorraine depuis le 1er janvier 2010.

Pierre Desproges
Né en 1939 à Pantin. Il est tout d’abord, vendeur d’assurance vie, enquêteur pour l’IFOP, auteur de romans photos pour la Veillée des Chaumières et rédacteur au courrier du cœur de Bonne Soirée. A partir de 1970, il devient pour six ans journaliste à l’Aurore. Puis entre 1975 et 1977, il est Grand reporter au Petit Rapporteur de Jacques Martin sur Antenne 2. Il apparaît également sur la scène de l’Olympia dans le spectacle de Thierry Le Luron.
A partir de 1978-79, il est sur les ondes de France Inter dans l’émission Saltimbanques de Jean Louis Foulquier et aux cotés de Thierry Le Luron dans Des parasites sur l’antenne.
Il participe à la Création Qu’elle était verte ma salade au théâtre des 400 coups avec Evelyne Grandjean et fait la première partie du spectacle de Le Luron à Bobino.
En 1980, il est présent quotidiennement sur France Inter dans Le Luron de Midi puis dans le Tribunal des Flagrants délires avec Claude Villers et Luis Regos. La même année il est aussi auteur interprète de Corbiniou, émission pour les enfants sur TF1. En 1981, parait Manuel de savoir-vivre à l’usage des rustres et des malpolis, tandis que Pierre Desproges participe à une émission hebdomadaire sur RMC avec Michel Denisot et Valérie Mairesse Si c’est pour la culture on a déjà donné.
En 1982, il participe aux créations de Merci Bernard et de la Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède (cent épisodes), sur FR3. En 1985, il entreprend une tournée de spectacle et sort son premier roman Des femmes qui tombent.
En 1986, il se produit au théâtre Grévin, Desproges se donne en spectacle puis en 1987-88, il entreprend une Tournée du spectacle. Il meurt en 1988 d’un cancer.

Production Théâtre de la Manufacture / CDN Nancy-Lorraine, Théâtre d’été en Lorraine.