Texte de Molière
Musique de Lully
Mise en scène Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française
Conception musicale William Christie
Direction et clavecin Paolo Zanzu
Monsieur de Pourceaugnac monte à Paris pour y épouser la jeune Julie. Pour empêcher ce mariage arrangé, Éraste, l’amant de la promise, engage Sbrigani et Nérine, qui vont plonger le pauvre barbon de province d’avanie en avanie.
Aussi drôle que cruelle, cette farce digne de la Commedia dell’arte a inspiré à Molière et Lully, une comédie-ballet où théâtre et musique sont inextricablement liés.
Pour le metteur en scène Clément Hervieu-Léger, il s’agit de les mêler au point que l’on ne sache plus qui chante ou qui joue, dans cette pièce où les apparences sont trompeuses. Travestissements, menaces, accents feints, couplets chantés, danses : tout participe ainsi à la sombre mascarade mise en oeuvre par Sbrigani et Nérine. La distribution réunit donc chanteurs et comédiens, ainsi que les musiciens des Arts Florissants. À leur tête, le génial William Christie, qui depuis plus de trente cinq ans a redonné vie à l’interprétation baroque et ses lettres de noblesse au baroque français.
Texte Molière
Musique Lully
Mise en scène Clément Hervieu-Léger de la Comédie-Française
Direction musicale et conception musicale du spectacle William Christie
Direction et clavecin Paolo Zanzu
Décors Aurélie Maestre
Costumes Caroline de Vivaise
Lumières Bertrand Couderc
Son Jean-Luc Ristord
Chorégraphie Bruno Bouché
Maquillages / coiffures David Carvalho Nunes
Assistantes à la mise en scène Clémence Boué et Aurélie Maestre
[COLUMN]
Avec
Second musicien, l’égyptien, haute-contre Erwin Aros
Nérine Clémence Boué
Apothicaire, avocat, archer, basse Cyril Costanzo
L’égyptienne, soprano Claire Debono
Médecin, Lucette, suisse Stéphane Facco
Premier musicien, médecin, avocat, exempt, baryton-basse Matthieu Lécroart
Julie Juliette Léger
Monsieur de Pourceaugnac Gilles Privat
Eraste, suisse Guillaume Ravoire
Sbrigani Daniel San Pedro
Oronte Alain Trétout
Et les Musiciens des Arts Florissants
Paolo Zanzu direction et clavecin
Tami Troman dessus de violon
Géraldine Roux dessus et haute-contre de violon
Myriam Bulloz taille de violon
Martha Moore quinte de violon
Cyril Poulet basse de violon
Michelle Tellier flûte à bec
Sébastien Marq flûte à bec
David Joignaux percussions
Claire Antonini théorbe
C’est alors que nous venions de créer La Didone de Cavalli au Théâtre de Caen que William Christie m’a fait connaître son envie de travailler avec moi sur une comédie-ballet de Molière et Lully. Le plaisir que nous avions eu à répéter ensemble au cours de ces dernières semaines, ainsi qu’une connaissance et un intérêt partagés pour le répertoire du XVIIème siècle français, rendaient évidente cette nouvelle collaboration. Notre choix s’est immédiatement arrêté sur Monsieur de Pourceaugnac. Créée par la troupe de Molière « pour le divertissement du Roi »le 6 octobre 1669 à Chambord, cette pièce en trois actes, rarement montée aujourd’hui, reprend quelques-uns des grands thèmes moliéresques : le mariage, l’argent, la maladie. Arrivé de Limoges pour épouser la jeune Julie, Pourceaugnac est aussitôt la proie de Sbrigani et Nérine, gens d’intrigue payés par l’amant de la belle pour empêcher ce mariage arrangé. Livré tour à tour à des médecins, un apothicaire, une femme picarde, une autre languedocienne, des gardes suisses, des avocats, un exempt et deux archers, le provincial, perdu dans les rues de la capitale comme dans sa propre tête, n’aura finalement pas d’autre solution que de fuir Paris, travesti en femme. Sous la forme d’une simple comédie, inspirée de canevas italiens (Pulcinella pazzo per forza et Pulcinello burlato) et agrémentée de musique et de danse, Monsieur de Pourceaugnac est sans doute l’une des pièces les plus sombres et les plus cruelles que Molière ait écrites : trois actes d’une implacable descente aux enfers qui conduisent Pourceaugnac à ne plus savoir lui-même qui il est. Cette impression d’inéluctabilité de la fin à la fois tragique et grotesque du personnage de Pourceaugnac, que vient contrebalancer l’heureux mariage d’Eraste et de Julie, est considérablement accentuée par la place que Molière et Lully donnent ici à la musique. Contrairement à d’autres comédies-ballets, la musique ne joue pas, dans Monsieur de Pourceaugnac, un simple rôle d’ornement, mais fait intrinsèquement partie de la dramaturgie de la pièce. Il faut ainsi considérer les moments chantés comme des scènes à part entière et non comme de simples « intermèdes » dont nous pourrions faire l’économie. On songe à ces sarabandes carnavalesques qui grisent les danseurs masqués d’un jour jusqu’à la folie. C’est cette imbrication entre la musique et le théâtre qui fait, pour William Christie et moi, l’intérêt singulier de cette œuvre. Tandis que l’opéra naissant va peu à peu faire primer la musique sur le théâtre, Molière et Lully réussissent dans cette œuvre cette incroyable gageure : faire de la musique du théâtre. Partant de cette réflexion, il nous semblait impossible de constituer deux équipes distinctes, l’une composée de chanteurs et l’autre de comédiens. Mettre en scène Monsieur de Pourceaugnac, c’est d’abord renouer avec un esprit de troupe cher au « patron » de l’Illustre Théâtre. C’est faire en sorte que l’on ne puisse plus distinguer qui chante de qui joue. J’ai, pour cela, choisi d’imaginer autour du personnage de Sbrigani, une bande de ragazzi italiens, rompus aux manœuvres et aux stratagèmes, s’amusant à inventer à vue tous ces personnages extravagants auxquels se trouve confronté Pourceaugnac. Travestissements, menaces, accents feints, couplets chantés, danses : tout participe à cette sombre mascarade. J’avais, par ailleurs à cœur, de sortir la forme de la comédie-ballet de l’inévitable esthétique baroque. Bien que je ne sois pas un tenant de la transposition à toute force, j’ai choisi d’inscrire cette histoire dans le Paris de la fin des années 1950. A cette époque, en effet, la différence entre Paris et la province est encore extrêmement marquée et il n’est pas rare de rencontrer un bourgeois provincial n’ayant jamais mis les pieds dans la capitale, ce qui est le cas de Monsieur de Pourceaugnac. A cette époque, également, les mariages arrangés sont encore fréquents mais les jeunes filles, comme Julie, sont de moins en moins décidées à s’y soumettre. A cette époque enfin, nombre d’immigrés italiens ont gagné la France au lendemain de la guerre, continuant de parler entre eux leur langue maternelle. Le choix des années 1950-1960 permet, en outre, une certaine légèreté de costumes et de décor particulièrement adaptée au rythme frénétique de la pièce. En montant Monsieur de Pourceaugnac, nous souhaitons avec William Christie mener une réflexion commune sur ce que peut être aujourd’hui le genre de la comédie-ballet. Nous avons pour cela décidé de penser ce projet, non pas comme un opéra, mais comme une véritable production théâtrale, notamment en ce qui concerne la distribution, l’organisation des répétitions ou le mode de représentation.
Clément Hervieu-Léger
Les Arts Florissants
Ensemble de chanteurs et d’instrumentistes voués à la musique baroque, fidèles à l’interprétation sur instruments anciens, Les Arts Florissants sont dans leur spécialité l’une des formations les plus réputées au monde. Fondés en 1979, et dirigés depuis lors par William Christie, ils portent le nom d’un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier. Les Arts Florissants ont joué un rôle pionnier pour imposer dans le paysage musical français un répertoire jusqu’alors méconnu et aujourd’hui largement interprété et admiré : la musique européenne des XVIIème et XVIIIème siècles. En résidence privilégiée depuis vingt ans au théâtre de Caen, Les Arts Florissants présentent chaque année une politique de transmission et d’ouverture aux nouveaux publics, également menée au plan national. Le programme Arts Flo Juniors, lancé en 2007, permet aux étudiants de conservatoires d’intégrer l’orchestre et le chœur pour une production ; l’académie du Jardin des Voix, créée en 2002, se tient tous les deux ans au théâtre de Caen et a déjà révélé bon nombre de nouveaux chanteurs ; beaucoup d’actions éducatives ponctuelles ont lieu, principalement en Région Basse-Normandie mais également dans des conservatoires de banlieue parisienne.
Clément Hervieu-Léger, metteur en scène
Pensionnaire de la Comédie-Française depuis le 1er septembre 2005, il y joue sous la direction de Marcel Bozonnet (Le Tartuffe, Valère), Anne Delbée (Tête d’Or, Cébès), Andrzej Seweryn (La Nuit des Rois, Sébastien), Lukas Hemleb (La Visite Inopportune, le Journaliste, Le Misanthrope, Acaste), Claude Mathieu (L’enfer), Eric Génovèse (Le Privilège des Chemins), Robert Wilson (Fables), Véronique Vella (Cabaret érotique), Denis Podalydès (Fantasio, Spark), Pierre Pradinas (Le Mariage forcé, Alcidas), Loïc Corbery (Hommage à Molière), Marc Paquien (Les Affaires sont les Affaires, Xavier), Muriel Mayette (La Dispute, Azor, Andromaque, Oreste), Jean-Pierre Vincent (Ubu, Bougrelas, Dom Juan, Don Carlos), Anne-Laure Liégeois (La Place Royale, Doraste), Lilo Baur (Le Mariage, Kapilotadov, La Tête des Autres, Lambourde) … Il a créé, dans le cadre des cartes blanches du Studio-Théâtre, un solo intitulé Une heure avant… (texte de Vincent Delecroix).
En dehors de la Comédie-Française, il travaille aux cotés de Daniel Mesguich (Antoine et Cléopâtre, Eros), Nita Klein (Andromaque, Oreste), Anne Delbée (Hernani, rôle-titre), Jean- Pierre Hané (Britannicus, Néron), Bruno Bouché (Ce sont des choses qui arrivent), Patrice Chéreau (Rêve d’Automne, Gaute) et tourne avec Catherine Corsini (La Répétition), Patrice Chéreau (Gabrielle), et Guillaume Nicloux (La Reine des connes).
Parallèlement à son travail de comédien, il est le collaborateur de Patrice Chéreau pour ses mises en scène de Così Fan Tutte de Mozart (Festival d’Aix-en-Provence, Opéra de Paris) et de Tristan et Isolde de Wagner (Scala de Milan). Il signe la dramaturgie de Platée de Rameau pour la mise en scène de Mariame Clément (Opéra du Rhin). Il a codirigé avec Georges Banu un ouvrage consacré à Patrice Chéreau, J’y arriverai un jour (Actes Sud, 2009). Il a publié plusieurs articles consacrés à Racine, Haendel ou Wagner. Il est également professeur de théâtre à l’Ecole de Danse de l’Opéra National de Paris.
En janvier 2011, il met en scène La Critique de l’Ecole des femmes au Studio-théâtre de la Comédie-Française. La saison suivante, il monte La Didone de Cavalli que dirige William Christie au Théâtre de Caen, au Grand Théâtre du Luxembourg et au Théâtre des Champs Élysées. Il signe la dramaturgie de La Source (chorégraphie de Jean-Guillaume Bart) pour le ballet de l’Opéra National de Paris, et met en scène L’Epreuve de Marivaux. En 2013, il dirige une lecture d’Iphigénie de Goethe à l’Auditorium du Musée du Louvre et collabore à la mise en scène de Yerma de Daniel San Pedro.
La saison dernière, il met en scène Le Misanthrope de Molière à la Comédie-Française.
Paolo Zanzu, direction et clavecin
Paolo Zanzu est né à Cagliari (Italie). Il étudie le clavecin auprès de Noëlle Spieth, puis au CNSM de Paris d’où il sort avec deux Premiers Prix de clavecin et de basse continue. Il se perfectionne en suivant l’enseignement de Carole Cerasi et James Johnstone à la Royal Academy of Music de Londres ainsi qu’à l’Accademia Chigiana de Sienne auprès de Christophe Rousset. Son intérêt pour la musique du XIXe siècle le mène ensuite à être l’élève de Patrick Cohen pour le pianoforte et de Nicolas Brochot pour la direction d’orchestre.
Depuis le Troisième Prix gagné au Concours International de clavecin de Bruges en 2010, son activité de soliste le mène à travers l’Europe, en solo ou en musique de chambre, notamment avec Florence Malgoire, Anna Renhold, Jean Tubéry, Tiam Goudarzi ou Tami Troman, avec qui a fondé cette année l’ensemble Le Stagioni, et il poursuit parallèlement une carrière de continuiste qu’il mène au sein des Arts Florissants (William Christie), du Cercle de l’Harmonie (Jérémie Rhorer) et avec de nombreux ensembles tels que La Fenice, Le Concert d’Astrée, Les Dominos, Les Musiciens du Louvre, Arcangelo, Philidor… dans des salles et festivals prestigieux du monde entier (Paris : Opéra Garnier, Salle Pleyel, Théâtre des Champs Elysées, Cité de la Musique ; Londres : Barbican ; Vienne, Theater an der Wien ; Bruxelles : Bozar, Théâtre Royal de la Monnaie ; Amsterdam : De Nederlandse Opera ; Berlin : Philharmonie ; Madrid : Teatro Real ; Barcelone : Palau de la Musica ; New York : Brooklyn Academy of Music…).
Ses engagements en tant que chef d’orchestre l’ont vu à la tête de l’Orchestre de Basse Normandie, et de l’Orchestre Baroque du Conservatoire Royal de Bruxelles, où il est professeur de basse continue. Ses oeuvres didactiques sont publiées par l’éditeur Ricordi.
Production CICT – Théâtre des Bouffes du Nord.
Coproduction Théâtre de Caen, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Les Arts Florissants, Château de Versailles Spectacles, CNCDC / Châteauvallon, Théâtre Impérial de Compiègne, Compagnie des Petits Champs. Constructions des décors Les Ateliers des Théâtres de la Ville de Luxembourg. Action financée par la région Ile-de-France.
Avec le soutien de la SPEDIDAM et l’aide à la diffusion d’Arcadi Île-de-France.