« La croisée des chemins » de Thibaud Tchertchian



La fresque La croisée des chemins est une commande du Théâtre de Suresnes Jean Vilar faite à Thibaud Tchertchian, artiste suresnois. Il a réalisé la fresque dans le foyer artistes de la salle Aéroplane du 18 au 21 décembre 2023. Le foyer artiste est une pièce dédiée spécialement aux artistes lors des répétitions et des spectacles pour qu’ils puissent s’y reposer et se restaurer et éventuellement s’en servir comme loges.

Une croisée des chemins est toujours une route nouvelle. Des cathédrales Sequoia, de l’art nouveau ancien, des méditations des banlieues blues universelles, des feux humides ou des neiges assourdissantes ; quelles seront nos villes du rétrofutur ? Thibaud a toujours travaillé sur la mémoire et l’oubli collectif, les couloirs du temps, les desseins des consciences collectives qui cherchent un chemin au creux des plus intimes cellules de leur imaginaire. Il peint souvent en noir et blanc avec cette technique sale qui lui est propre, une peinture entre le procédé et la gestuelle. Cela lui permet de former des « projections » qui ne reposent sur aucun trait, mais sur un amas de milliers de points noirs, des matières accidentelles, des galaxies de particules. Et dans ce cosmos de Yin et de Yangs, de flou et d’absences se forme la conscience poétique d’une image dont seul vous, en réalité, êtes maître de son interprétation. Thibaud (1983) a grandi à Suresnes où il a appris à peindre par le graffiti. Il a fait deux écoles supérieures d’art en passant directement les diplômes. Il a vécu sept ans en Thaïlande, où il a fait ses armes au milieu d’une scène artistique en pleine naissance. Il a participé malgré lui à l’opposition politique. Comme beaucoup, sa vie a été balayée par le Covid. Puis, il a repris son souffle en Europe pour repartir sur les chemins d’une Metropolis et ses jardins, ses routes molles et accidentées, ses multiples points de fuite et ses contre-plongées qui s’estompent dans les brumes des nouvelles peintures chinoises. »



En 2009, il développe sa technique de peinture crachée; une peinture originale, à la bombe et aux couleurs effacées; un héritage inspiré de l’art informel et de la gestuelle du graffiti. Cette peinture dont il est l’un des pionniers se fera connaître sous le nom de Crachotie ou French Touch. Cette peinture est la peinture de Jeff aérosol, Tanc et plus tard de Madsaki, UFO 907, etc. Il s’installe à Bangkok en 2013, où il peint les manifestants thaïlandais lors du Bangkok Shutdown, faisant référence au 1984 d’Orwell. La manifestation donne lieu à un Coup d’État militaire. L’exposition est interdite, de même que toute référence à 1984 dans le pays.

En 2015, il présente une exposition sur le thème de la censure et des normes sociales. Il aborde la propagande, la nudité, la surveillance au Tibet et au Xinjiang (où il entre illégalement pour prendre ses photos), la pollution ou les maladies respiratoires en Chine, la cosmogonie africaine, la cristallisation des classes sociales. Il représente les Nations Unis lors d’une campagne d’effort pour une qualité d’air meilleure dans les grandes villes en 2017.

En 2019, il est parmi les premiers à être victime d’un virus qui est bientôt appelé Sras-Cov 2 et qui le laisse dix jours en soins intensifs à l’hôpital de Bangkok. Il rentre en France. Il peint sur la place de la République pour la première commémoration autorisée du génocide arménien en France et profite de sa rémission et du confinement pour passer le diplôme de l’école nationale supérieure d’art de la Réunion avec les félicitations du jury. En 2022, il participe aux vingt ans des Nuits Blanches de Paris pour marquer ses vingt années d’étude plastique en un cycle. Il initie son nouveau cycle et ambitionne d’unir diverses artistes et expressions artistiques autour d’un projet participatif minutieusement préparé depuis le début même de ce premier cycle de peinture.