Écriture et mise en scène Simon Abkarian
C’est l’histoire d’un quartier populaire où l’on entend tousser le voisin au bout de la rue, dans un pays de soleil et de mer qui ressemble au Liban natal de l’auteur. C’est aussi une histoire d’hommes et surtout de femmes, cantonnées à la procréation, à la cuisine et au ménage, clouées au sol par le poids de la tradition qui leur interdit l’envol promis aux mâles.
Alors, entre deux lessives, elles parlent, un peu de tout et beaucoup de sexe. On retrouve ici, trente ans plus tôt, la famille de Pénélope Ô Pénélope, premier volet d’une trilogie écrite et mise en scène par Simon Abkarian.
Comédien impressionnant, fort d’une centaine de rôles au théâtre, au cinéma et à la télévision, il se révèle un auteur singulier, à l’écriture bouillonnante, servie par des acteurs exceptionnels au langage cru et à la volubilité truculente. C’est drôle, émouvant et grinçant à la fois. Parce que le quartier a aussi ses mystères et ses vérités inavouables qui entretiennent le suspense jusqu’au bout.
Écriture et mise en scène Simon Abkarian
Théos Simon Abkarian
Nouritsa Ariane Ascaride
Minas David Ayala
Vava Marie Fabre
Aris Cyril Lecomte
Sandra Judith Magre
Zéla Océane Mozas
Sophia et Elias Clara Noël
Astrig Chloé Réjon
Xenos Igor Skreblin
Collaborateur artistique Pierre Ziadé
Lumières Jean-Michel Bauer
Réalisation sonore Antoine de Giuli
Décor Noëlle Ginefri-Corbel
Costumes Anne-Marie Giacalone
Le Dernier Jour du jeûne est le deuxième volet d’une trilogie dont Pénélope ô Pénélope est l’origine. L’action se passe trente ans plus tôt, au même endroit, dans la même famille. Certes il y a le ciel, la mer, les arbres. Mais ici, l’infernal enfermement consiste en une prison immatérielle : la tradition. Les personnages de cette pièce, les hommes autant que les femmes, sont des « pris au piège ». Toutes et tous sont des figures emblématiques du monde méditerranéen tel que je l’ai connu au Liban dans ma jeunesse. Dans mon quartier, où l’on entendait tousser le voisin au bout de la rue, où l’on voyait de terrasse en terrasse pendre le linge des ouvriers et des artisans. C’est une histoire de quartier, populaire. Il y a la mère, Nouritsa, le père, Theos, le fils unique, Elias, la sœur cadette, Astrig, l’aînée, Zéla, la tante érudite, Sandra, il y a aussi la voisine colporteuse de rumeurs, Vava, le boucher, Minas, sa fille, Sophia, qui ne parle plus, le jeune désœuvré, Aris, et l’autre, l’étranger, Xenos, celui qui ne dit rien, celui qui a peur de parler, de se déclarer. Ils sont voués à coexister dans un affrontement inavoué. Ils ont peur les uns des autres. Les hommes ont peur des femmes, ils jouent le jeu d’un amour tacite qui maintient un semblant de paix au sein de la famille. Et c’est ce faux-semblant que les femmes veulent détruire. C’est de ce joug ancestral, dont elles veulent s’émanciper. Car ce sont elles qui paient le plus lourd tribut de cette aliénation millénaire. Réduites au rôle de procréatrices, elles sont reléguées au second plan de la grande histoire. Leur plaisir est nié, leur aspiration de liberté aussi. Elles n’ont pas le droit à la verticalité. L’envol n’est pas pour elles. Elles sont embourbées dans le temporel, le concret, le matériel. Toutes les tâches que les hommes réprouvent sont dévolues aux femmes. Elles sont faites pour enfanter, si possible des mâles. Dans ce monde méditerranéen, capillaire et testiculaire, avoir une fille est un fardeau à qui il faudra apprendre à obéir et se taire. Donc forcément quand les femmes sont réunies, elles parlent. J’ai voulu faire de la sexualité le centre de ces colloques drôles et improvisés. Et rediscuter le plaisir charnel des femmes. Entre soumission (cliché) et fantasme, il me fallait établir une secrète cartographie d’une pratique joyeuse et équitable de ll’Eros féminin. Retrouver par l’écriture la sauvagerie de la nuit originelle. Dans cette pièce c’est la nuit que l’on attend, car c’est là où tout se joue, où tout se dénoue. Le soleil, qui est le grand témoin, interdit tout paroxysme. Il me fallait réinventer les ténèbres afin d’y voir clair dans l’inceste et le meurtre. Il fallait que, dans mon histoire, le soleil se fasse prier.
Simon Abkarian
Simon Abkarian
Il met en scène avec son équipe Peines d’amour perdues de Shakespeare (Théâtre des Bouffes du Nord 1998), L’Ultime Chant de Troie dont il fait l’adaptation d’après Euripide, Eschyle, Sénèque et Parouïr Sevak (MC93 de Bobigny-2000) et Titus Andronicus de Shakespeare, (Théâtre National de Chaillot-2003). Il met en scène Mata Hari de Jean Bescos au Théâtre des Bouffes du Nord et au Théâtre National de Toulouse en 2010/2011. En 2008 il écrit et met en scène Pénélope ô Pénélope, édité à Actes Sud papiers et remporte le prix du syndicat de la critique 2008 pour le meilleur texte théâtral. (Théâtre national de Chaillot 2008 et en tournée 2009/2010 en France, à Beyrouth, à Madrid…). Il écrit Ménélas rapsodie, édité à Actes-Sud Papiers en 2012. Ménélas rebétiko Rapsodie est crée en 2013 au Grand Parquet, à Paris, suivi d’une tournée en 2013-2014. Le Dernier Jour du jeûne, a été créé au théâtre du Gymnase, à Marseille, en septembre 2013 et repris au Théâtre des Amandiers à Nanterre en mars 2014. Comédien au Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine (L’Histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk et L’Indiade d’Hélène Cixous, Les Atrides d’Euripide et Eschyle …). Par la suite, il travaille avec Irina Brook dans Une bête sur la lune (Molière du meilleur comédien 2001) de Richard Kalinoski et avec Silviu Purcarete, Paul Golub, Antoine Campo, Simon McBurney, Peter Brook, Cécile Garcia-Fogel, Laurent Pelly….. En 2004 et 2005, il dirige la classe d’improvisation au Conservatoire National de Paris. Au cinéma, il tourne avec Cédric Klapisch, Marie Vermillard, Michel Deville, Xavier Durringer, Atom Egoyan, Jonathan Demme, Robert Kéchichian, Serge Lepéron, Frédérique Balekdjian, Sophie Marceau, Thomas Vincent, Ronit et Shlomi Elkabetz, Jean Pierre Sinapi, Sally Potter, Robert Guédiguian, Martin Campbell, Eric Barbier, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, Karim Dridi, Philippe Haim, Jean Michel Ribes, Hervé Hadmar, Gilles Banier….
Production Cie Tera. Production déléguée Le K Samka (lien vers le site)
Coproduction Le Théâtre des Amandiers / Nanterre, Le Théâtre du Gymnase / Marseille, L’Union – CDN / Limoges.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre national, du Théâtre Firmin-Gémier, de La Piscine – Pôle national des Arts du Cirque / Antony et Châtenay-Malabry.