• Saison 2017-2018
Salle Jean Vilar
2h30
Dès 14 ans
Création

D’Edmond Rostand
Mise en scène Lazare Herson-Macarel

Il faut avoir l’optimisme chevillé au corps pour monter cette grande pièce de troupe qu’est Cyrano. Avec sa jeune compagnie, La Jeunesse aimable, Lazare Herson-Macarel a décidé de faire vivre ce festin « de mots, d’intelligence, d’énergie vitale », une véritable fête populaire au sens premier du terme, qui rassemble quarante-cinq personnages, du bourgeois au marquis, du tire-laine au pâtissier, des poètes aux soldats espagnols.

Avec Eddie Chignara dans le rôle-titre, les neuf autres comédiens et deux musiciens rythmeront ce récit pour rendre palpable l’héroïsme de Cyrano et la mélancolie de Rostand. Et défendre aussi de grandes idées de théâtre comme porter le masque pour dire la vérité, faire entendre la valeur inestimable des mots comme musique, et laisser deviner les êtres vivants, complexes, nuancés, volontaires qui ne font de l’esprit que par pudeur. Un récit de jubilation pure, tant pour l’acteur que pour le spectateur et l’acte de parler comme fin, et non comme moyen. Pour refuser comme Cyrano, les paresses intellectuelles et les résignations qui empêchent de croire à la liberté.

 

« Rêver, rire, passer, être seul, être libre, avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre, mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers, pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un vers ! »
Cyrano de Bergerac
Edmond Rostand

Avec
Harrison Arevalo Un marquis / Valvert / le capucin / un cadet / une sœur
Julien Campani Lignière / Comte de Guiche / un patissier / un poète
Philippe Canales Le Bret / un patissier / un poète
Céline Chéenne Un marquis / La Duègne / Capitaine Carbon de Castel-Jaloux / Mère Marguerite
Eddie Chignara Cyrano
Joseph Fourez  Un page / Christian / un patissier / un poète
Salomé Gasselin Viole de gambe / un cadet / une sœur
David Guez Montfleury / Ragueneau
Pierre-Louis Jozan Batterie / un tire-laine / un cadet / une sœur 
Morgane Nairaud Un page / Roxane / un cadet
Gaëlle Voukissa La distributrice / Lise / un cadet / une sœur

Scénographie Ingrid Pettigrew
Costumes Alice Duchange assistée de Selma Delabrière
Régie générale et plateau Thomas Chrétien
Habillage Emilie Lechevalier
Lumières Jérémie Papin assisté de Léa Maris
Création musicale Salomé Gasselin et Pierre-Louis Jozan
Maquillages Pauline Bry
Collaboration artistique Philippe Canales
Assistante à la mise en scène Chloé Bonifay
Administration et production Lola Lucas assistée de Léonie Lenain
Stagiaire régisseur lumière Matthieu Boulay
Stagiaire costumière Irène Jolivard 

 

Pourquoi Cyrano ?
Parce que donner cette pièce, c’est toujours donner une fête populaire au véritable sens du terme, fête qui rassemble les gens les plus différents pour un festin de mots, d’intelligence, d’énergie vitale, de dépense improductive. Parce que ce texte est une expérience de jubilation pure, tant pour l’acteur que pour le spectateur – et que cette jubilation propre au théâtre est un premier pas vers l’action.
Parce que la figure même de Cyrano nous inspire la liberté, l’insolence, l’insoumission, le désir d’insurrection pour un monde meilleur, le refus des compromissions, des paresses intellectuelles et des résignations – toutes choses dont notre société oublie petit à petit qu’elles sont possibles.
Parce que Cyrano est une grande pièce de troupe. Après une liste de quarante-cinq personnages, on peut lire sur la page de garde : « La foule, bourgeois, marquis, mousquetaires, tire-laine, pâtissiers, poètes, cadets, gascons, comédiens, violons, pages, enfants, soldats espagnols, spectateurs, spectatrices, précieuses, comédiennes, bourgeoises, religieuses, etc. » La profusion essentielle de la pièce commence là. Elle dit quelque chose du théâtre que nous voulons faire.

Enfin, parce que je crois qu’il est possible de donner de la pièce une lecture politique radicale, profonde, sans concessions. Si Cyrano n’est qu’un conte pittoresque, folklorique, brillant et national, oublions-le. En revanche, nous pouvons rendre palpables pour le spectateur d’aujourd’hui l’héroïsme de Cyrano et la mélancolie de Rostand – l’héroïsme de Rostand et la mélancolie de Cyrano. Nous pouvons défendre grâce à Cyrano de grandes idées de théâtre : la nécessité de porter un masque pour dire la vérité, la valeur inestimable des mots comme musique et comme offrande, le désir de retrouver le paradis perdu, la vertu de la désobéissance. Je rêve la mise en scène de Cyrano comme l’occasion de rendre Rostand à cet idéalisme essentiel qui dépasse de très loin les satisfactions poétiques, rhétoriques et militaires. Grâce à lui, aujourd’hui, nous pouvons défaire et détruire un malentendu majeur : le théâtre n’est pas un artifice – c’est le dernier refuge de la réalité.
Lazare Herson-Macarel

Lazare Herson-Macarel
Directeur de la compagnie de la jeunesse aimable, il est l’auteur de plusieurs pièces de théâtre dont L’enfant meurtrier (aide à la création du CNT) qu’il met en scène au Théâtre de l’Odéon (Festival Impatience) en 2009 et Le Chat botté et Peau d’Ane qu’il crée en partenariat avec les Instituts Français du Maroc en 2010. Il adapte et met en scène Falstafe de Novarina qu’il crée au Festival d’Avignon en 2014. En 2009 il co-fonde le Festival du Nouveau Théâtre Populaire (NTP, Fontaine- Guérin, Maine-et-Loire) pour lequel il met en scène Le Misanthrope de Molière (2009), Le Cid de Corneille (2010), Œdipe-Roi de Sophocle (2015) et La Paix d’Aristophane (2016). Il y joue Tchekhov, Brecht, Shakespeare, Hugo, Büchner et Feydeau.
Comme acteur, il se forme à la Classe Libre des Cours Florent sous la direction de Jean-Pierre Garnier et au Conservatoire National Supérieur d’Art dramatique dans la classe de Nada Strancar et joue notamment sous la direction de Léo Cohen-Paperman, Nicolas Liautard, Olivier Py, John Malkovich, Cécile Arthus, Julie Bertin et Jade Herbulot.

 

La jeunesse aimable
N’eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d’or, – trop de chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? […] Je ne sais plus parler.

C’est bien à Rimbaud et à ce passage de la Saison en Enfer que nous nous sommes permis d’emprunter notre nom. Ainsi, ce nom plein de légèreté et d’optimiste garde pour qui en connaît l’origine la marque d’une nostalgie essentielle, féconde, inconsolable. Ce nom ne saurait se comprendre sans cette secrète nuance d’inquiétude. Inquiétude que nous avons dans l’intimité comme en politique, pour nous êtres humains comme pour notre société toute entière : est-il encore possible de parler ? Cette possibilité même, essentielle, fondatrice, n’est-elle pas insidieusement détruite par le dévoiement et l’appauvrissement de notre langue ? Que faire ?
Nous avons donc fondé cette compagnie pour défendre corps et âme le théâtre aujourd’hui, c’est-à-dire la prosodie comme refuge de l’être, l’acte de parler comme fin et non comme moyen. Nous voulons que subsiste une exigence proprement littéraire, car nous pensons que la langue façonne le monde plus qu’elle ne le reflète. Comme disait le même jeune poète solitaire : «Il faut être absolument moderne.»
Que nous nous adressions au jeune public ou aux adultes, il s’agit pour nous du même travail : rêver le monde d’ailleurs plutôt que déplorer celui d’aujourd’hui, défendre de toutes nos forces l’idée qu’il n’est de liberté que de la parole, et que les mots sont ce feu qu’il faut voler et partager pour vaincre un monstrueux ordre établi.
La jeunesse aimable, c’est donc, aussi, ce qu’il nous appartient de sauver ensemble, poètes, acteurs et public.

Production Compagnie de la jeunesse aimable.
Coproduction Théâtre Jean Vilar / Suresnes, Scènes du Golfe / Vannes, Théâtre de la Coupe d’Or / Rochefort, Théâtre Roger Barat / Herblay, Théâtre André Malraux / Chevilly-Larue, Les Passerelles / Pontault- Combault, Théâtre Montansier / Versailles. Avec l’aide à la création de la Région Ile-de-France, de l’ADAMI et la participation du Jeune Théâtre National.