Comédie en musique de Molière et de Lully
Mise en scène Michel Fau
Direction musicale Gaétan Jarry
George Dandin, riche paysan, a épousé la fille d’un gentilhomme de campagne et échangé sa fortune contre un titre. Mais la particule ne fait pas le bonheur et l’argent n’achète ni l’amour ni le respect. Loin de là. Dandin ne récolte que mépris de sa femme et de ses beaux-parents et se retrouve pris au piège.
Cette comédie de mœurs tragique, cette critique sociale farcesque fait place à l’amour lors d’intermèdes pastoraux élégants dont la musique est signée du grand Lully. Bergères et bergers échangent alors des mots galants, contrepoint ironique à l’infortune amoureuse du pauvre Dandin.
« J’aime quand les choses déjantent. Le théâtre doit sortir de son quotidien, doit donner envie de rêver. Il y faut de la poésie, du lyrisme, de l’extravagance, ce qui n’empêche pas de parler de nous, de l’humain », dit Michel Fau. Après Le Tartuffe et Le Misanthrope, ce grand homme de théâtre revient une nouvelle fois à Molière pour s’emparer de cette comédie grinçante qu’est George Dandin et de son rôle-titre avec le génie baroque, la poésie et le sens de l’excès qu’on lui connaît.
❝J’enrage de bon cœur d’avoir tort lorsque j’ai raison.❞
George Dandin
Avec Alka Balbir Angélique, Armel Cazedepats Clitandre, Michel Fau George Dandin, Philippe Girard Monsieur de Sottenville, Anne-Guersande Ledoux Madame de Sottenville, Florent Hu Lubin, Nathalie Savary Claudine, quatre chanteurs et huit musiciens de l’Ensemble Marguerite Louise
Costumes Christian Lacroix
Décors Emmanuel Charles
Lumières Joël Fabing
Perruques Véronique Soulier Nguyen
Assistant costumes Jean-Philippe Pons
Assistant à la mise en scène Damien Lefèvre
Stagiaires assistants à la mise en scène Barthélémy Fortier et Sacha Vilmar
C’est apparemment le 18 juillet 1668 que Molière et la troupe du roi donnent avec succès George Dandin une comédie mêlée d’une pastorale chantée pour « le Grand Divertissement royal de Versailles » offert par Louis XIV à sa cour, pour célébrer la paix d’Aix-la-Chapelle conclue avec l’Espagne.
Cette histoire grinçante inspirée de la culture médiévale, où un paysan riche et odieux, achète une jeune fille noble, s’enchâsse avec des intermèdes élégants où des bergers échangent des propos galants.
Dans ce conte féroce Molière mélange différents genres théâtraux : la farce gauloise, la critique sociale, la comédie de mœurs, la tragédie furieuse… tout cela porté par la partition savante de Lully. Cette satire en musique n’est faite que de contrastes : un langage familier et populaire côtoie un langage recherché et noble. Molière nous raconte ici que le mariage est un marché dans lequel l’amour n’a pas de part – puisque Dandin en épousant Angélique de Sotenville, a échangé un titre
contre sa fortune – et que pourtant le marié s’acharne à revendiquer l’amour et la fidélité de sa femme. Dandin représente la bourgeoisie commerçante ridiculisée par la noblesse ruinée, mais aussi par ses valets grotesques et avant tout par lui-même ! Car il sait qu’il est responsable de la situation, il est son propre ennemi… tout au long de la pièce il s’accuse lui-même dans une longue plainte tragique, qui se doit de faire rire les spectateurs. Le public vient voir un mari jaloux et cocu se faire
humilier ! La situation du mari bafoué se répète trois fois comme une torture récurrente, les vers raffinés écrits par Molière pour les intermèdes musicaux ne font que prolonger ce vertige ; ils ne sont pas une illustration de la farce mais son contrepoint. Quand la comédie parle d’infidélité, la pastorale parle de fidélité ; quand l’une se moque des nobliaux provinciaux, l’autre idéalise la noblesse de cour représentée par les bergers. Ces divertissements commencent toujours par s’adresser à Dandin, qui est trop aveuglé par son désespoir égoïste pour en tirer leçon… le point commun de la pièce et de ses entractes est qu’Angélique et Dandin, comme les bergers menacent de se suicider. Les intermèdes changent carrément la fin de l’intrigue car plutôt que de se noyer, Dandin choisit de noyer son chagrin
dans l’alcool pendant le final à la gloire de Bacchus.
Même si la pièce reste immorale puisque le mal triomphe, elle dit avant tout que l’on peut tout acheter sauf l’amour…c’est là qu’elle reste intemporelle.
Pour mettre en abime cette fable à la fois douloureuse, burlesque et obsessionnelle nous choisirons d’assumer une esthétique baroque et cauchemardesque…
Michel Fau
« Quel est le plus criminel d’un paysan assez fou pour épouser une demoiselle, ou d’une femme qui cherche à déshonorer son époux ? Que penser d’une pièce où le parterre applaudit à l’infidélité, au mensonge, à l’impudence de celle-ci et rit de la bêtise du manant puni ? »
– Jean-Jacques Rousseau
« L’art du clown va bien au-delà de ce qu’on pense. Il n’est ni tragique ni comique. Il est le miroir comique de la tragédie, et le miroir tragique de la comédie. La grande farce de Molière est l’excès de la comédie. »
– André Suarès
Michel Fau, mise en scène
Diplômé du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique et ex-égérie d’Olivier Py, Michel Fau a mis en scène et joué : Fric-Frac d’Édouard Bourdet avec Régis Laspalès, Douce-amère de Jean Poiret avec Mélanie Doutey, Le Tartuffe de Molière avec Michel Bouquet, Peau de vache de Barillet et Grédy avec Chantal Ladesou, Brûlez-la de Christian Siméon avec Claude Perron, Fleur de cactus de Barillet et Grédy avec Catherine Frot, Un amour qui ne finit pas d’André Roussin avec Léa Drucker, Le Misanthrope de Molière avec Julie Depardieu, Que faire de Mister Sloane? de Joe Orton avec Charlotte de Turckheim et Gaspard Ulliel, Demain il fera jour de Henry de Montherlant avec Léa Drucker, Britannicus de Racine avec Geneviève Page, Nono de Sacha Guitry avec Julie Depardieu, Maison de poupée d’Ibsen avec Audrey Tautou, American buffalo de David Mamet avec Michel Vuillermoz et Nicolas Duvauchelle, Créanciers de Strindberg, Thérèse Raquin d’après Zola…
Michel Fau a mis en scène à l’opéra : Ariane à Naxos de Strauss, Dardanus de Rameau, Ciboulette de Hahn, Bastien et Bastienne de Mozart, Madame Butterfly de Puccini, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Rigoletto de Verdi, Cosi fan tutte de Mozart, Tosca de Puccini, Le condamné à mort de Capdenat d’après Genet…
Il a joué Shakespeare, Labiche, Maeterlinck, Racine, Feydeau, Claudel, Eschyle, Copi, Genet, Bernhard, Sade, Courteline, Durif… sous la direction de Jérôme Deschamps, Benjamin Lazar, Jean-Michel Ribes, Olivier Py, Philippe Calvario, Eric Vigner, Emmanuel Daumas, Sébastien Rajon, Paul Desveaux, Olivier Desbordes, Jean-Michel Rabeux, Jean Gillibert, Stéphane Braunschweig, Jean Macqueron, Pierre Guillois, Jean-Claude Penchenat, Jean-Luc Lagarce, Laurent Gutmann, Gilberte Tsaï, Gabriel Garran…
On a pu le voir dans des films réalisés par Arielle Dombasle, Cédric Anger, Franck Ribière, André Téchiné, Édouard Baer, Christophe Honoré, Josée Dayan, Xavier Giannoli, Valérie Minetto, Arnaud Sélignac, Jean-Michel Ribes, Jérôme Legris, Nina Companeez, Noémie Lvovsky, Michel Hassan, Benoît Pétré, Alain Brunard, Benoit Jacquot, François Ozon, Dominik Moll, Albert Dupontel…
Il a enseigné au Cours Florent ainsi qu’au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dont il a démissionné en 2014.
Michel Fau a reçu en 1998 le prix Gérard Philipe de la ville de Paris, en 2006 le prix du meilleur comédien du syndicat de la critique pour Illusions comiques d’Olivier Py, en 2015 le grand prix du meilleur spectacle lyrique du syndicat de la critique pour sa mise en scène de Dardanus sous la direction de Raphaël Pichon, ainsi que le Prix du Brigadier pour Un amour qui ne finit pas et Fleur de cactus.
Production C.I.C.T. – Théâtre des Bouffes du Nord.
Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar, Théâtre des Sablons / Neuilly-sur- Seine, Opéra Royal – Château de Versailles Spectacles, Théâtre de Caen, Atelier Jean Vilar / Louvain-la-Neuve, Festival de Sablé, L’Entracte – scène conventionnée, Théâtre de Compiègne.
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National.