De Michèle Manceaux
Adaptation et mise en scène Philippe Honoré
Interprétation Nathalie Grauwin
Nous sommes dans l’obligation d’annuler la représentation car il n’est malheureusement pas possible de la reporter cette saison. Pour connaître les modalités de remboursement, cliquez-ici.
Peu de gens furent de véritables intimes de la mystérieuse Marguerite Duras. La journaliste Michèle Manceaux fut de ceux-là. Disparue en 2015, elle laisse derrière elle un texte bouleversant et parfois drôle sur cette amitié qui la liait à l’une des plus grandes auteures du XXe siècle.
« Il y faut beaucoup d’élan et beaucoup de retenue, beaucoup d’échanges et de paroles et beaucoup de silences » disait Marguerite Duras à propos de l’amitié. Bribes de conversations, phrases faussement anodines, doutes et angoisses…
À travers les souvenirs de Michèle Manceaux, la comédienne Nathalie Grauwin toute en finesse et en subtilité dévoile une facette méconnue de cette immense femme de lettres, dont on découvre la fragilité, mais aussi l’extraordinaire lucidité sur les temps à venir. Avant sa mort, Michèle Manceaux a eu le temps d’assister à l’adaptation de son texte sur scène. Elle en était ressortie « éblouie ».
Je pourrais me tromper, croire que je suis belle comme les femmes belles,
comme les femmes regardées, parce qu’on me regarde vraiment beaucoup.
Mais moi je sais que ce n’est pas une question de beauté mais d’autre chose,
par exemple, oui d’autre chose, par exemple d’esprit.
Marguerite Duras
Création lumières Jean Grison
«Il y a une grande inimitié entre la vie et la grande création» déclare Marguerite Duras à son amie Michèle Manceaux.
C’est l’histoire d’une longue amitié, le parcours infiniment subjectif de deux femmes, toujours en danger de vivre, qui évoluent, à la fois parallèles et dissemblables. Pas une biographie de plus sur Marguerite Duras, pas une biographie du tout mais un texte infiniment profond, drôle et émouvant…
Le désir que ce texte prenne place sur une scène de théâtre a été fulgurant.
Transmettre aux spectateurs cette apologie de l’audace que livre l’amie. Le texte de Michèle Manceaux oscille sans cesse entre passé et présent, entre souvenir et récit avec comme seule trame la fluidité de la mémoire. La mise en scène suit ce rythme là.
Des scènes courtes se succèdent, des bribes de vie de Marguerite et Michèle sont placées dans l’espace, tour à tour dans un traitement onirique ou au contraire en prise directe avec le spectateur lui parlant, l ‘interpellant, le rendant témoin de cette déclaration d’amitié impérissable.
J’ai souhaité avec L’amie organiser une théâtralité simple, aussi limpide que la course du souvenir. Une fois de plus après tant de spectacles, j’ai tremblé de désir pour un texte à priori non théâtral. Je fais toujours aussi mal la différence entre ce qui l’est et ce qui ne l’est pas :
Le verbe, la façon de lui construire une représentation, la transmission de l’émotion à travers des voix, des corps n’est-il pas le fondement même de tout théâtre or le texte de Michèle Manceaux, emprunt d’amour pour Marguerite Duras, annonce toutes ces possibilités.
Philippe Honoré
Production Compagnie la Camphinoise.
Coproduction Théâtre de Suresnes Jean Vilar.