Tréteaux de France
De Jean Racine
Mise en scène Robin Renucci
Comment naissent les tyrans ?
De la Rome antique à nos jours, il semble que l’histoire se répète. Entre conflits politiques, alliances mafieuses et dérives sexistes, Britannicus dresse encore aujourd’hui le portrait sans concession d’une nature humaine dont la violence survit au passage du temps.
« Sans doute c’est la naissance d’un monstre. Mais ce monstre va vivre. Et c’est peut-être pour vivre qu’il se fait monstre » disait l’écrivain Roland Barthes de Néron, héros cruel par excellence.
L’histoire d’un homme ordinaire, trop proche du pouvoir, dont la passion dévorante pour la fiancée de son frère conduit à commettre l’irréparable. Avec la précision d’un scalpel, Robin Renucci dissèque le lien ténu entre puissance politique et désir sexuel. Et il abolit toute frontière entre scène et public.
Une plongée saisissante dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine.
Avec Tariq Bettahar Néron, Nadine Darmon Agrippine, Thomas Fitterer Narcisse, Eugénie Pouillot Junie, Christophe Luiz Britannicus, Stéphanie Ruaux Albine, Julien Tiphaine Burrhus
Scénographie Samuel Poncet
Lumières Julie-Lola Lanteri
Costumes Jean-Bernard Scotto
Assistante à la mise en scène Stéphanie Ruaux
Production Tréteaux de France – Centre dramatique national – Direction Robin Renucci
Le pouvoir
Avec Britannicus, Racine choisit pour la première fois un sujet dans l’histoire de Rome et donc un sujet politique. C’est une pièce qui se veut à la fois classique et très en lien avec des questions d’actualité. La scénographie et le travail de mise en scène ont pour but d’explorer les rapports de pouvoir très violents entre les personnages. Ils se dévoilent de scène en scène, entre bien et mal, poussés par leur passion.
Explorer le pouvoir c’est aussi parler de notre société, de l’actualité du thème politique : qu’est-ce que l’autorité ? qu’est-ce que le pouvoir ? qu’est ce qu’il représente ? Dans Britannicus, le personnage de Néron est un monstre naissant. Il est pris en étau entre Burrhus et Narcisse, le bien et le mal et sa monstruosité va naître. Dans cet entre-deux, on passe d’un désir de pouvoir politique à un désir sexuel : la vision de Junie enchaînée, réveille les fantasmes de Néron. Entre pouvoir tyrannique et pulsionnalité de la libido, Britannicus parle de la violence des rapports humains pervertis par ce désir de pouvoir : on assiste à la naissance d’un tyran.
C’est sur ces thèmes que l’on aborde l’œuvre avec des costumes extrêmement simples mais qui donnent une notion immédiate du pouvoir par la prédominance des couleurs noire et argentée. Je veux mettre en avant la violence des corps et de la parole.
Le jeu par la prosodie
La recherche que nous menons consiste à déployer un minimum de moyens pour être dans une pureté de l’œuvre qui réside essentiellement dans les trois unités : de temps, de lieu et d’action. Nous nous situons dans une forme de recherche de luxe avec comme entrées la prosodie et le suspens. Les rebondissements de la pièce sont en effet particulièrement importants. Je veux instaurer une ligne de jeu qui permet aux spectateurs d’être tenus en haleine et d’accéder réellement à la profondeur de l’œuvre via son langage. Le dispositif scénique très simple, en quadrifrontal participe de manière active à la naissance du suspens, lorsqu’un comédien parle, la langue et l’émotion touche directement le public.
Robin Renucci
Robin Renucci, mise en scène
Comédien et metteur en scène. Il est élève à l’Atelier-École Charles Dullin à partir de 1975, avant de poursuivre sa formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Il joue au théâtre sous la direction, entre autres, de Marcel Bluwal, Roger Planchon, Patrice Chéreau, Antoine Vitez, Jean-Pierre Miquel, Lambert Wilson, Serge Lipszyc et Christian Schiaretti. Au cinéma, il tourne avec Christian de Chalonge, Michel Deville, Gérard Mordillat, Jean-Charles Tacchella, Claude Chabrol et bien d’autres. Il interprète de nombreux rôles pour la télévision, notamment celui d’un médecin de campagne dans la série Un Village français. En 2007, Robin Renucci réalise un premier long-métrage pour le cinéma Sempre Vivu !
Fondateur et président de L’ARIA en Corse, il y organise depuis 1998 les Rencontres Internationales de Théâtre en Corse. Il est par ailleurs professeur au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Nommé directeur du Centre dramatique national Les Tréteaux de France en 2011, il signe les mises en scène de Mademoiselle Julie d’August Strindberg en 2012, Le Faiseur de Balzac en 2015, L’Avaleur, d’après Other People’s Money de Jerry Sterner en 2016, L’Enfance à l’œuvre en création au Festival d’Avignon 2017, La Guerre des salamandres de Karel Čapek créé au festival Villeneuve en scène en 2018, Bérénice de Jean Racine en 2019, ainsi que Britannicus du même auteur et Oblomov d’après Ivan Gontcharov en 2020.